L’adolescence, période de bouleversement majeure marquant le passage du monde des enfants à celui des adultes, transition entre deux états, un peu à la manière d’une chrysalide, le concept de l’adolescence nait après la 2e guerre mondiale. Françoise Dolto (pédiatre, psychanalyste) à travers le complexe du homard métaphorise la carapace de l’enfance devenue trop étroite et la nécessité d’en recréer une autre plus adaptée, en tenant compte des interactions familiales.
Or au Moyen Age, on repérait déjà la période par le biais de la littérature qui évoquait l’éveil pour la curiosité du sexuel et le refus de l’autorité.
Vous l’aurez donc compris l’adolescence marque de grands bouleversements, tant dans le corps physique, psychique, social et érotique et par extension affecte l’aspect identitaire.
L’âge moyen des premières règles chez la fille est de 12 ans et demi. Néanmoins, il est validé par de nombreuses études qu’en fonction de certains déterminants, tels que le climat, la vie urbaine ou rurale, la puberté pouvait s’annoncer plus ou moins précocement, en effet les jeunes filles des pays froids évoluant en milieu rural semblent avoir leurs règles plus tard que celles des villes en zone plus chaude. Il semblerait également qu’il y ait une disparité de genre, les filles auraient environs deux ans d’avance sur les garçons.
Pour ce qui est des rapports affectifs, ils se renforcent à l’extérieure du noyau familial quand ce dernier le permet et les investissements iconographiques sont très fréquents, telles que les chanteurs, youtuber, sportifs…
Les spécialistes de l’enfance estiment que 20% des 15 ans et moins ont déjà eu un rapport sexuel avec pénétration, et qu’ensuite les proportions augmentent jusqu’à 50% pour le 17-18 ans qui indiquent inscrire leur sexualité dans une relation durable pour une tiers d’entre eux. L’âge moyen du premier rapport est d’environ 17 ans et reste stable sur les dernières décennies. Le dialogue autour de la contraception est peu engagé par les partenaires.
Il est donc important de dissocier le développement du corps et le développement psychoaffectif et sexuel, dans leur discours, il n’est pas rare d’entendre qu’ils attendent le bon moment ou de se sentir prêts. Certaines jeunes femmes me rapportent fréquemment que, lors de leur premier rapport, elles ne se sentaient pas prêtes, qu’elles ont cédé à une pression du petit copain, ou du groupe et qu’elles ont le sentiment de s’être faites avoir.
Il n’est pas rare non plus que l’absence de maturité et/ou l’entrée précoce dans la sexualité soit à l’origine d’une décompensation psychique justifiant une hospitalisation dans les cas extrêmes. L’éviction de la sexualité et le retard de la puberté peuvent être le signe avant-coureur d’une anorexie mentale.
Il me semble donc primordial de pouvoir sécuriser cette initiation à la sexualité à travers son éducation, afin que cette dernière, soit synonyme de risque salvateur et non de danger destructeur, tel que le présente actuellement l’éducation à la sexualité : attention protégez-vous bien, les grossesses indésirables et le SIDA rôdent aussi par-là !
Les modèles familiaux entourant les adolescents ont également leur importance, certaines familles acceptent plus facilement que d’autres, l’entrée dans la vie sexuelle de leur jeune, et elles offrent à leur adolescent un dialogue et un cadre propice à cet éveil. D’autres passeront le relais à des spécialistes (médecin de famille, gynécologue, sexologue), et certaines prohiberont ce passage au regard de leur valeurs religieuses et/ou culturelles, lorsque l’adolescent est en phase avec ces mêmes valeurs, l’abstinence sera vécue positivement, en revanche si les jeunes n’y adhèrent pas, il a un risque majeur pour que leur sexualité soit vécue sur un mode de violence de son propre corps. En réalité, la perception qu’ont les adolescents des représentations parentales de la sexualité, à travers les dits, non-dits, les interdits, va jouer un rôle déterminant.
Le rapport à la pornographie avec la vulgarisation d’internet affiche qu’en 2002, l’âge moyen de visionnage du premier film X se situait autour de 13 ans, et d’après la philosophe et sociologue M.Marzano cet âge n’a pu que baisser jusqu’à aujourd’hui.
Pour S. Tisseron psychanalyste, le visionnage de film X est une nouvelle forme de rite initiatique de passage. Je tiens à préciser que nos sociétés modernes n’ont pas institué de passage initiatique et symbolique et ce malgré mai 68 et qu’il s’agit peut-être d’une compensation, à défaut d’autres repères, aux antipodes des civilisations plus tribales qui balisent et sécurisent les parcours. L’ouvrage de T. Goguel d’Allondans, sociologue-anthropologue « Les Sexualités Initiatiques » illustre ce point.
La problématique de la pornographie, au-delà de la violence qu’elle suscite, est d’être considérée comme normale pour l’adolescent amateur qui la découvre. Le danger est que son imaginaire érotique soit bridé et enfermé dans la pornographie, et que son mimétisme lors de ses rapports érotiques et sexuels n’apporte pas l’effet escompté et repéré dans les films X.
Pour résumer, il me parait essentiel d’avoir une approche globale et positive de la sexualité de nos adolescents, en valorisant le consentement, le respect de soi et de l’autre au coeur des valeurs de la rencontre sexuelle, en répondant aux inquiétudes sur la normalité du corps, en éloignant la pornographie de la norme sexuelle, en accueillant la parole respectueusement.
j’apprécie ces propos positifs. un projet de service de santé sexuelle comme à Lunéville eveillerait il votre intérêt? mvolletg@wanadoo.fr
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